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DE JEAN FROISSART.

De legier coer et de gai corps :
« Volés-vous dont qu’il soit ensi ? »
« Oil ! » — « Et je le voeil aussi. »
Je pris ceste parolle à joie ;
C’est moult bien raison c’on m’en croie ;
Mès la joie trop longement
Ne me dura : veci comment.
En ce voiage dont vous touche
Estoit avec nous Male-bouche
Qui tout no bon temps descouvri ;
Ce trop grandement m’apovri
Dou bien ! dou temps et dou confort
Que je cuidoie avoir moult fort ;
Car celle qui oncques ne tarde,
Male-bouche, que mal fu arde,
Parla à mon contraire tant,
Et en séant et en estant,
Que ma dame simple et doucette
Et d’éage forment jonette
En fut trop griefment aparlée :
« Ha ! dist-on, estes vous alée
» En un voiage avec cesti
» Qui vous a maint anoi basti ;
» Par foi ! ce fu uns grans oultrages
» Et uns abandonnés ouvrages ;
» Il fault que vous le fourjugiés. »
Là fui-je mortelment jugiés
De celles qui point ne m’amoient,
Ains leur ennemi me clamoiont,
Et leur jurœ ma dame chière,