Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
DE JEAN FROISSART.

Et quant elle se mist à voie,
Li congiés y fu si bel pris
Qu’encor je ce lieu aime et pris,
Et le gardin et la maison ;
Tousjours l’amerai par raison,
Maint solas et maint esbanoi
Avec ma dame en ce temps oi,
Tant que de venir et d’aler,
De véoir et d’oïr parler.
Aultrement n’aloit ma querelle,
Mès il me sembloit qu’elle ert belle,
Puisque par le gré de ma dame
Je pooie, tant qu’à mon esme
Avoir par sa discrétion
Un peu de recreation,
Mès c’estoit assés à escars
De parolles et de regars
Car je ne m’osoie avancier,
Ne où madame estoit lancier,
Si ce n’estoit tout en emblant,
Paourous et de coer tremblant
Pluisours de mes esbas faisoie ;
Car pour ma dame je n’osoie,
Se l’eure n’avoie et le point,
Et on le m’avoit bien enjoint
Aussi que tout ensi fesisse,
Si que s’autre estat je presisses,
Que cesti qu’on m’avoit apris
J’euisse esté trop dur repris.
Si me convenoit ce porter