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POÉSIES

Que je li vosisse otroyer.
Je ne m’en fis gaires pryer
Car j’avoie plaisance au dire.
Je li dis et baillai pour lire,
Et elle m’en sot trop grant gre
Tant saciés bien de mon secré.
Nous fumes en esbatement
Droit là, non pas si longement
Que je vosisse, bien saciés ;
Car mon coer qui estoit lachiés
Et est d’amours certainne et ferme
Ne peuist avoir trop lonc terme
D’estre toujours avec ma dame.
Pluisours fois fumes là, par m’ame !
Et ensi nous esbations.
Vraiement je croi qu’il n’est homs,
Se bien aimé, qu’il ne soit tous
Une heure amers et l’autre douls.
Pour moi le di, lors tels estoie
Que moult liement m’esbatoie
À la fois ; et quant jalousie
Me batoit de son escorgie,
J’estoie mournes et pensieus
Et clinoie en terre les yeus.
C’est l’estat et si est l’ardure
Que vrai amant par droit endure.
Et nom-pour-quant les contençons,
Les assaus et les souspeçons
En sont si gaies à souffrir
Qu’on se doit liement offrir