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DE JEAN FROISSART.

comment je puis avoir sceu ne rassemblé tant de faits desquels je traicte et propose, et tant de parties ; et pour vous informer de la verité je commençai jeune de l’âge de vingt ans ; et je suis venu au monde avec les faitz et advenues, et si y ay tous-jours prins grant plaisance plus qu’à autre chose ; et si Dieu m’a donné tant de grâce que j’ay esté bien de toutes parties, et des hostels des roys, et par especial du roy Édouard, et de la noble royne sa femme madame Philippe de Haynaut, royne d’Angleterre, dame d’Irlande et d’Acquitaine, à laquelle en ma jeunesse je fu clercs ; et la desservoie de beaux dictiez et traitez amoureux ; et pour l’amour du service de la noble et vaillant dame à qui j’estoie, tous autres grands seigneurs, ducs, comtes, barons et chevaliers, de quelconques nations qu’ils fussent, m’amoient et me véoient volentiers, et me faisaient grant prouffit. Ainsi au titre de la bonne dame, et à ses coustages, et aux coustages de haulx seigneurs, en mon temps je cherchai la plus grande partie de la chrestienté, voire qui à chercher fait ; et par-tout où je venoie je faisoie enqueste aux anciens chevaliers et escuyers, qui avoient esté ès fais d’armes, et qui proprement en savoient parler, et aussi à anciens heraux de crédence, pour vérifier

    lieues de Rotterdam, et à cinq de Leyde. Voy. la Martinière, Dict. Géogr. et les Délices des Pays-Bas, tom. 2, p, 291 et suiv.