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POÉSIES

Car tu es mon Dieu Corporeus,
Et te pri tres affectueus
Que livre à livre
Poise les biens ; car je me livre
Tels a toi, ne plus ne voeil vivre :
Scés tu pourquoi ? trop fort m’enyvre
Li ardans feus
Qui le coer languereus fait yvre,
Mès je t’en pri, escrime ou livre
Où on troeve, qui bien s’arive
Les amoureus.

Dame, cent clauses despareilles,
Pour vostre amour n’est pas merveilles,
Ai mis en rime. Or crienc moult celles
À mal dittées,
S’ensi est, encoupés les belles,
Vos simples et plaisants masselles,
Qui à point blanches et vermeilles
Sont coulourées,
Car ce m’ont souvent mes pensées
En pluisours pourpos transposées ;
Et se bien ne les ai posées,
Si m’en conseilles,
Amours, car je t’ai moult d’anées
Servi, et mon service grées ;
Mes scés-tu de quoi tu m’effrées :
Trop me traveilles.

En souspirs, en plours et en plains
Prist un peu d’arrest mes complains,