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POÉSIES

Car qui desire, il n’est pas aise,
Ains vit en painne et en mesaise.
Pour ce reçoi, par Saint Nicaise !
Grief penitance
Il n’est nulle riens qui me plaise
Ni qui mon povre coer apaise ;
Fortune m’acole et me baise
À sa plaisance,
Elle a sus moi trop grant puissance
Elle me toit la cognissance
De manière et de contenance
Qui s’en taise.
Se ce n’estoit seule espérance
Qui me tient en ferme ordenance
Je ne voudroie la montance
D’une Frambaise ;

Mès elle bon confort me baille
Et garant contre la bataille
Qui nuit et jour au coer m’entaille
Pensers divers
Dont je m’estenc, frémis et baille.
Il n’est nulle riens qui me vaille.
Ne je ne sçai comment jou aille
Nus ou couvers ;
Car soit esté ou soit yvers
Je senc mon corps, mon sanc, mes ners
Tous afoiblis, pales et pers.
Ensi sans faille
Sui-je de par fortune ahers.
N’ai fors le coer qui gist enfers