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POÉSIES

D’un regart, dont elle me plaie.
Pour ce une onde
De pité convient-il que j’aie,
Ou aultrement la mort m’adaie,
Car j’ai pointure au coer sans plaie
Grande et profonde.

Qui ne poet à garison prendre ;
Car elle est si foible et si tendre
Que de trop petit elle engendre
Painne et doulour.
Un seul regard me fait entendre
Que je doi et puis bien attendre
Grasce en ma dame où je voeil tendre
Par bonne amour.
Or ai-je à la fois grant paour
De fallir et de lointain jour ;
Et pour ce qu’en peril sejour
Je voeil aprendre
Comment trouver poroie un tour
Salve sa paix et son honnour
Que je peuisse à sa douçour
Plus brief descendre.

Mès je ne sçai qui m’en conseille
Car ma vie n’est pas pareille
Aux aultres, ains est despareille
Plus qu’aultre chose ;
Car quant je dors ou quant je veille
Tousjours m’est présente en l’oreille
Ma dame, qui blanche et vermeille
Est com la rose ;