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VIE

désespéré du peu de succès de ses assiduités et de ses soins auprès de sa première maîtresse, il prit là résolution de s’éloigner encore une fois. Cette absence fut plus longue que la précédente ; il retourna en Angleterre, et s’attacha au service de la reine Philippe. Cette princesse, sœur de la comtesse de Namur, femme de Robert, dont Froissart paraît avoir été domestique, voyait toujours avec plaisir les gens du Haynaut son pays ; elle aimait les lettres ; le collége d’Oxford qu’elle fonda, et qui est encore aujourd’hui connu sous le nom de Collége de la Reine, est un illustre monument de la protection qu’elle leur accordait. Ainsi Froissart réunissait tous les titres qui pouvaient mériter l’affection de la reine Philippe. L’histoire qu’il lui présenta[1], comme je l’ai dit, soit au premier voyage, soit au second (car il n’est pas possible de décider), fut très-bien reçue, et probablement lui valut le titre de clerc (c’est-à-dire Secrétaire ou Écrivain) de la chambre de cette princesse, qu’il avait dès l’an 1361.

Au siècle de Froissart on était persuadé que

  1. Parlant des guerres de son temps. Si empris-je assez hardiment, moi issu de l’escole, à dicter et à ordonner les guerres dessus dites, et porter en Angleterre le livre tout compilé, comme je feis, et le présentay adonc à Madame Philippe de Haynaut, royne d’Angleterre, qui liement et doucement le receupt de moy, et m’en fit grand proffit.