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POÉSIES

Bien senti qu’en peril estoie.
Adont me dist, la merci soie
Pour moi aidier si bons consauls
Q’un petit cessa mes travaus.
Mès depuis trois mois tous entiers
Fui je à la fievre tous rentiers ;
Et adont en la maladie,
C’est bien raisons que le die,
Fis-je une balade nouvelle.
Au desespoir d’amours fu celle.
Je ne sçai scelle vous plaira
Mès tele est qui bien le lira

Balade.

Pluiseur amant vivent bien en espoir
D’avoir merci et d’estre encore amé,
Mès ma vie est tournée en desespoir,
Car on m’a jà tant de fois refusé,
Tant eslongié, tant monstré de samblans
Durs et crueuls, et contre moi nuisian,
Que je n’ai fors painne, mauls et dolours.
Je finerai ensi que fist Tristrans,
Car je morrai pour amer par amours.
Las ! que briefment puisse la mort avoir.
Plus le desir cassés que ma santé ?
Car ma dame, qui tant a de savoir,
No voelt avoir ne merci ni pité
De moi, qui sui son cremetous servans ;
Ains me refuse et grieve et nuist tous tamps.