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POÉSIES

Chanter, danser, caroler, rire,
Bons mos oyr, parler et dire.
Et quant je pooie véoir
Ma dame, ce fust main ou soir,
À par moi disoïe : « Ve-la
» Celle qui si bel m’aparla
» Quant je parlai à li premiers.
» Son corps n’est mie coustumiers
» Fors que d’onnour et de bien faire.
» Cascuns prise son bel afaire
» Son maintien, son estre et son sens ;
» Pour ce, dou tout à li m’assens. »
Par heures je me confortoie.
À par moi, et me deportoie ;
Et à la fois venoit une heure
Que me venoïent courir seure
Les mauls d’amours en abandon.
J’en avoïe si grant randon
Que j’estoïe plus dolereus
Que ne soit uns cops colereus.
Mès trop grant confort me portoit
La damoiselle, qui estoit
Assés secrée de ma dame.
Onques mès ne vi millour fame.
À l’ame li voeille Diex rendre !
Pluiseurs fois m’a fait elle entendre
Grans confors, dont il n’estoit riens.
Je prise moult bien tels moyens
De sçavoir de nécessité
Ouvrer et faire auctorité,