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VIE

l’Angleterre. L’accueil qu’on lui fit, les amusements qu’on lui procura dans les sociétés des Seigneurs, des Dames et des Damoiselles, les caresses, dont on l’accabla, rien ne charmait l’ennui qui le dévorait ; en sorte que ne pouvant supporter plus long-temps les tourments de l’absence, il résolut de se rapprocher. Une dame (la reine Philippe de Haynaut) qui le retenait en Angleterre, connut par un virelai qu’il lui présenta, le principe de son mal : elle y compatit ; et lui ordonnant de retourner dans son pays, à condition néanmoins qu’il reviendrait, elle lui fournit de l’argent et des chevaux pour faire le voyage. L’amour le conduisit bientôt auprès de la dame qu’il aimait. Froissart ne laissa échapper aucune occasion de se trouver dans les lieux où il pouvait la voir, et s’entretenir avec elle. Nous avons vu plus haut qu’elle était d’un rang si distingué, que les rois et les empereurs l’auroient recherchée ; ces termes pris à la lettre, ne conviennent qu’à une personne issue du sang des rois, ou de quelque souverain ; mais comment accorder l’idée d’une si grande naissance avec le détail qu’il nous fait des conversations secrettes, des jeux et des assemblées où il avait la liberté de se trouver et le jour et la nuit ? Comme si ces traits n’eussent pas suffi de son temps pour la faire connoître, il semble avoir voulu la désigner plus clairement par le nom