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DE JEAN FROISSART.

Et disoie : « Se tu n’es os
» De li remontrer ton corage,
» Je ne te tenrai pas à sage.
» Ce n’est pas vie d’ensi vivre.
» En ceste amour ton coer s’enivre,
» Et puis aultre chose n’en as
» Fors les regars et les esbas.
» Vrés Diex ! disoi-je, c’est assés.
» Se cils bons temps m’estoit passés
» Je ne sauroie où refuir.
» J’aim mieuls joiousement languir
» Que de faire chose, ne dire,
» Dont je soie occis à martire. »
Ensi passoïe la saison,
Tout par amours et par raison.
Raisons voloit que je souffrisse,
Et amours que mon coer offrisse,
Et que remonstrasse à la belle
Comment je vivoïe pour elle,
Et tout ce que je faisoie
Ce n’estoit que pour l’amour soie :
« C’est bon, di-je, que je li die,
» Et bellement merci li prie. »
Di-je : « Volontiers li dirai
» Si tretos que le lieu aurai. »
Sur ce ordonnai mon penser.
Une fois presins à danser ;
Là estions plus de nous doi ;
Je le tenoïe par le doi,
Car elle me menoit devant.