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DE JEAN FROISSART.

D’amours la dame et la Déesse ;
Vers moi vint et dist : « Beaus fiulz, es-se
» Belle chose de bien ouvrer.
» Tu le poras yci prouver,
» Car pour ce que bon t’ai vu,
» Et que tu as si bien scéu
» À Mercurius bel respondre,
» Et sa parole au voir expondre,
» Tu en auras grant guerredon,
» Car je te donne yci un don.
» Vis tant que poes d’or en avant,
» Mès tu auras tout ton vivant
» Coer gai, joli et amoureus ;
» Tenir t’en dois pour ewoureus ;
» De ce te fai-je tout séur ;
» Tu dois bien amer tel éur.
» Pluisour l’auroïent volentiers ;
» Mès je n’en donne pas le tiers,
» Non pas le quart, non pas le quint,
» Jà aient cil corps friche et coint.
» Més quant tu m’as véu en face,
» C’est drois que grant grasce te face ;
» Et il te vault trop mieuls avoir
» Plaisance en coer que grant avoir.
» Avoir se pert, et joïe dure.
» Regarde se je te sui dure.
» Et encores, pour mieulz parfaire
» Ton don, ta grasce et ton afaire,
» Uvne vertu en ton coer ente :
» Que dame belle, jone et gente