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DE JEAN FROISSART.

Un peu après l’aube crevant.
Nulle riens ne n’aloit grevant,
Mès toute chose me plaisoit,
Pour le joli temps qu’il faisoit
Et estoit apparant dou faire.
Cil oizellon en leur afaire,
Chantoïent, si com par estri.
Se liet estoient, n’en estri,
Car oncques mès si matin née
Ne vi si belle matinnée.
Encor estoit tous estelés
Le firmament qui tant estlés ;
Mès Lucifer qui la nuit chace
Avait jà entrepris sa chace
Pour la nuit devant soi chacier ;
Car Aurora ne l’a pas chier,
Ançois le tint en grand debat.
Et encores, pour son esbat,
Chacier faisoit par Zepherus
Les tenebres de Hesperus.
Et ensi, me voeille aidier Diex !
Se si bel temps vi onques d’ieuls ;
Et se, puis-ce-di ne avant,
Me vint tel pensée au devant
Que là, me vint, ne sçai comment.
Je me tendie en un moment,
Et pensoie au chant des oiseauls,
En regardant les arbriseaus
Dont il y avoit grant foison,
Et estoïe sous un buisson