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DE JEAN FROISSART.

Et à mes mauls, par convignable fourme,
À la sienne moult justement se fourme ;
Et toutes fois j’en lairai convenir,
Tout ensi com il en poet avenir.
Et pour ce qu’en imaginations
Est tout mon coer et mon intentions,
Imaginé ai en moi de nouvel,
À trop petit de joie et de revel,
Que je ne scai au monde au jour d’ui chose
Point plus propisce, assés bien dire l’ose,
Com ma vie est justement figurée,
Ensi qu’elle est par ci-devant monstrée,
À un Orloge, et à la gouvrenance
Qu’il apartient à yceste ordenance ;
Car l’Orloge, si com j’ai dit premiers
Est de mouvoir nuit et jour coustumiers,
Ne il ne poet ne doit arrest avoir,
Se loyalement voelt faire son devoir.
Tout ensi sui gouvernés par raison,
Car je qui sui la chambre et la maison
Où mis est li Orloges amoureus
Sui de mouvoir telement curieus
Que n’ai ailleurs entente soing et cure,
Ne nature riens el ne me procure,
Fors que tout dis mouvoir sans arrester ;
Ne je ne puis une heure en paix ester
Meismement quand je sommeille et dors.
Si n’ai-je point d’arrest, qu’à vo gent corps
Ne soit tout dis pensans mes esperis.
Et devisse estre ens ou penser peris !