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POÉSIES

Qu’ils pevissent estre par bien amer
Reconforté en doulc de leur amer,
Et que vo oeil qui tant sont gracieus,
De douls regars, simples et precieus,
Qui si à point scevent lancier et traire,
Me vosissent un peu à euls attraire.
Las et qu’ai dit ? quant g’i suis tous attrais,
Ne je n’en puis jamais estre retrais
Tant que li ame ens ou corps me demeure.
Et quand vendra de Dieu la saintisme heure,
Que de mon corps il vodra oster l’ame,
Je voeil qu’il soit escript dessus ma lame :
Que par amours amer, non estre amés,
Se l’ai esté, petit amans clamés
Avec les a-moureus dors et repose.
Et ce sera, tant qu’à mot, moult grand chose
S’on le voelt faire ensi que je le di ;
Car Tubulus, si com j’ai lu de li
Qui fu, ce re-commendent li aucteur,
Uns vrès amans, acquist moult haulte honneur,
Quand pour amer par amours, vrès martirs
Frans et loyaus, moru de coer entirs.
Moult belle en est l’escripture et la bule
À recorder de la vie Tulule ;
Car Tubulus sa dame tant ama
Que pour s’amour à la mort sa pasma
Ce fut pour lui une honnourable fin.
Et je le di, ma dame, à celle fin.
Selonc l’estat Tubulus et sa vie,
Quant bien pensé ai à ma maladie