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DE JEAN FROISSART.

études, la patience et la sévérité de ses maîtres.[1] Il aimait la chasse, la musique, les assemblées, les fêtes, les danses, la parure, la bonne chère, le vin, les femmes ; et ces goûts, qui se développèrent presque tous dès l’âge de douze ans, s’étant fortifiés par l’habitude, se conservèrent même dans sa vieillesse, et peut-être ne le quittèrent jamais. L’esprit et le cœur de Froissart n’étaient point encore assez occupés, son amour pour l’histoire remplit un vide que l’amour des plai-

  1. Tres que n’avoïe que douze ans
    Estoïe forment goulousans
    De véoir danses et carolles,
    D’oïr menestrels et parolles
    Qui s’apertiennent à deduit,
    Et, de ma nature introduit,
    D’amer par amours tous céauls
    Qui aiment et chiens et oiseauls :
    Et quant on me mist à l’escole,
    Où les ignorans on escole,
    Il y avoit des pucelettes,
    Qui de mon temps erent jonettes.
    Et je qui estoïe puceaus,
    Je les servoïe d’espinceaus,
    Ou d’une pomme ou d’une poire,
    Ou d’un seul anelet de ivoire ;
    Et me sambloit, au voir enquerre,
    Grant proesce à leur grasce acquerre,
    Et aussi es-ce vraiement ;
    Je ne le di pas aultrement.
    Et lors devisoie à par mi :
    Quant revendra le temps por mi
    Que par amours porai amer.

    Espinette amoureuse, p. 83 de ses poësies mss.

    Et si destoupe mes oreilles,
    Quant j’oc vin verser de bouteilles,