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DE JEAN FROISSART.

De pourvéir un coer et conforter,
Selonc les mauls qu’elle li voit porter,
Elle cognoist moult bien qu’il me besongne,
Et pour ce voelt entendre à ma besongne
Et moi garnir de ce qui m’est mestiers.
Sa garnison reçoi-je volentires,
Car elle m’est plaisans et delitable
Et à ma ne-cessité pourfifable ;
Elle me met en une continue,
C’est d’un penser, lequel je continue
Très liement, et si soigneusement,
Qu’aillours ne puis entendre nullement
Ne ne voeil car g’i prent si grant deport
Que nuit et jour n’ai bien s’il ne l’aport,
Ne n’aurai je, ne aussi onques n’oi ;
C’est mon sens et tout mon esbanoi.
El de noient pas en moi ne se fourme
Ce doulc penser qui sagement m’enfourme,
Car il cognoist mon coer et mon corage,
Quels jar esté et sérai mon éage ;
Car je vous jur mon bien et ma santé
Vostre servant voeil estre en loyauté ;
Et en tous cas je serai paseiens,
Perseverans et très bien diligens ;
Honnour sievrai, car elle est moult prisie,
Et loyauté, larghece et courtoisie ;
Et si serai secrés et bien celans ;
Et pour proece acquerre traveillans ;
Tant que ben los et ben renom aurai.
À mon poeir ensi me maintenrai