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DE JEAN FROISSART.

En ce Dyal, dont grans est li merites,
Sont les heures vint et quatre descrites ;
Pour ce porte-il vint et quatre brochetes
Qui font sonner les petites clochetes,
Car elles font la destente destendre,
Qui la roe chantore fait estendre
Et li mouvoir très ordonnéement
Pour les heures monstrer plus clerement.
Et cils Dyauls aussi se tourne et roe,
Par le vertu de celle mère roe
Dont je vous ai la proprieté dit,
À l’ayde d’un fuiselet petit
Qui vient de l’un à l’autre sans moyen ;
Ensi se moet rieuléement et bien.

Qui bien à droit ceste chose èdefie,
La roe dou Dyal si segnefie
Très proprement en amer doulc penser.
Mieulz ne le puis mettre ne compasser,
Car coers qui aime et qui desire fort
Ne poet avoir plus gracieus confort,
Ce li est vis, ne biens qui tant li vaille,
Que de penser à ses amours sans faille,
Tres continu-elment et nuit et jour ;
Et en faisant ensi comme un seul tour
Comment venir il pora à s’entente
De la chose de quoi desirs le tempte.
Et qui vodroit bien la vérité dire,
Li jours entiers ne poroit pas souffire
Au vrai amant qui aime loyalment
À penser à s’amour souffissamment.