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DE JEAN FROISSART.

Le plonk trop bien à la Beauté s’acorde.
Plaisance r’est monstrée par la corde,
Si proprement c’on ne poroit mieulz dire ;
Car tout ensi que le contrepois tire
La corde à lui, et la corde tirée,
Quant la corde est bien adroit atirée,
Retire à lui et le fait esmouvoir,
Qui autrement ne se poroit mouvoir ;
Ensi Beauté tire à soi et esveille
La plaisance dou coer, qui s’esmerveille
Et esbahist en la soie pensée
Où chose de tel pris fu compassée ;
Et Plaisance le retrait et le tire
Tant qu’il convient par force qu’il desire,
Et qu’il devienne amoureux, sans attendre.
Briefment Beauté, qui bien y voet entendre,
A en Amours merveilleuse puissance ;
Car quant regars voit dame de vaillance,
Qui au devant sa beauté li apreste,
Il y entent volontiers et arreste ;
Et à la fois si avant s’i tovelle,
Comme le pa-pillon à la chandelle
Qui ne s’en poet retourner ne retraire.
Car Beauté a en lui vertu d’attraire
Le coer véant, par nature plus forte,
Quant en ce fait Plaisance le conforte,
Que l’aïmant n’ait d’attraire le fer.
Ensi le fait de desir escaufer
Beauté, qui est le contre-pois premier
Qui de tirer Plaisance est coustumier,