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DE JEAN FROISSART.

Que la maison qui porte et qui soustient
Les mouvemens qu’à l’Orloge appartient,
Et le fais, dont on doit mention faire
De tout ce qui poet estre nécessaire,
Et liquels a matère, par raison,
De servir à sa composition,
Proprement re-présente et segnefie
Le coer d’amant que fine Amour mestrie ;
Car la façon de l’Orloge m’aprent
Que coer d’amant, que bonne amour esprent,
Porte et soustient les mouvemens d’Amours,
Et tout le fais, soit joïe, soit dolours,
Soit biens, soit mauls, soit aligance ou painne
Que bonne Amour li envoie et amainne.
Briefment, qui voelt bien parler par raison :
Le coer loyal est la droite maison,
Au dire voir, et la principal loge
Ouquel Amours plus volontiers se loge.
De tout ce sçai-je assés comment il m’est ;
Mes tels est bien malades qui se test
Et pas ne dist son mal en audiensce,
Ains le reçoit en belle pasciensce ;
Pour mieuls valoir il se fait bon souffrir.
En cel espoir me voeil dou tout offrir
Au gré d’Amours, et à son plaisir rendre ;
Car il m’a fait si noble estat emprendre
Qu’il m’est avis que, quant je le recite,
Que tout mi mal ne sont que grant mérite ;
Car tant a grasce, honnour, loenge et pris
Celle pour qui j’ai ce dittie empris