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DE JEAN FROISSART.

CI SENSIEUT UN DITTIE D’AMOUR.

qui s’appelle

LE ORLOGE AMOUREUS.

Je me puis bien comparer à l’Orloge,
Car quant Amours, qui en mon coer se loge,
M’i fait penser et mettre y mon estude,
J’i aperçoi une simultitude
Dont moult me doi resjoïr et parer ;
Car l’Orloge, est au vrai considérer,
Un instrument tres bel et tres notable ;
Et s’est aussi plaisant et pourfitable ;
Car nuit et jour les heures nous aprent,
Par la soubti-lleté qu’elle comprent
En l’absense méisme dou soleil.
Dont on doit mieuls prisier son appareil,
Ce que les aultre instrumens ne font pas
Tant soïent fait par art et par compas.
Dont celi tienc pour vaillant et pour sage
Qui en trouva premièrement l’usage,
Quant par son sens il commença et fit
Chose si noble et de si grant proufit.
Ensi Amours me fait considérer,
Et m’a donné matère de penser
À un Orloge, et comment il est fés ;
Et quant j’ai bien consideré ses fès