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DE JEAN FROISSART.


Quels temps qu’il fust, kalendes ou toussains
Un chapelet en portoit li compains,
Tout pour l’amour

Serès sa dame ; en otel pourpos mains,
Car tant me plaist de la flour li beaus tains
Qu’il m’est avis qu’il ne soit homs humains
Nomméement, ne rudes, ne villains,
Qui atouchier, y doie ongle ne mains.
Et se l’éür j’ai eu premerains
D’elle trouver, ne m’en lo, ne m’en plains
Par nesun tour ;

Fors seulement que dou perdre ai paour.
Dont pour moi mettre en un certain sejour,
En lamentant souhède nuit et jour,
Et di ensi : « Pleuïst au Dieu d’Amour
» Que je véisse enclos en une tour,
» O le closier, la gracieuse flour ;
» Et si n’euïst homme ne femme au tour
» Qui sourvenit,

» Peuïst illuec et fust en un destour,
» À mon cuesir, n’ai cure en quel contour. »
En ce souhet je pense toute honneur.
Mès souhedier me fait plaisance, pour
À grant loisir regarder sa coulour
Blanche et vermeille, assise sur verdour.
S’en ce parti vivoïe, nul millour
Ne doit quérir

Homs, ce m’est vis, qui tant aime et desir
La flour, que fai. Car n’ai aultre desir