Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
POÉSIES


» On te frote, grate et estrille,
» Et te cuevre on, pour la morille,
» Et si te nettie-on les piés.
» Et s’on voit que tu soies liés
» On t’aplanoïe sus le dos,
» Et dist-on : Or, pren ton repos,
» Grisel, car bien l’as desservi
» L’avainne que tu menges ci.
» Et puis on te fait ta littière
» De blanc estrain ou de fléchiere
» Là où tu te dois reposer.
» Mès j’ai aultre chose à penser ;
» Car on me met derrière un huis,
» Et souvent devant un pertuis,
» Et dist-on : Or garde l’ostel.
» Et se laïens il avient tel,
» Que bien j’en ai toutes les tapes ;
» Car, s’on envolepe ens ès nappes
» Pain, char, bure, frommage ou let,
» Et la meschine ou li vallet
» Le mengüent, par aucun cas,
» Sus moi en est tous li debas ;
» Et dist-on : Qui a ci esté ?
» Cils chiens ! Et je n’ai riens gousté.
» Ensement sui, sans ocquison
» D’estre batus en souspeçon.
» Mès on ne te requiert riensnée,
» Fors que bien faces ta journée.
» Si te pri cor, avances toi,
» Car droitement devant nous voi