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DE JEAN FROISSART.


» Quant nous venrons jà à l’ostel,
» Nos mestres, sans penser à el,
» Il t’aportera del avainne ;
» Et s’il voit qu’aïes éu painne,
» Sus ton dos jettera sa cloque,
» Et puis par dalès toi se joque.
» Et il me fault illuec croupir.
» Il ne me vient point à plaisir.
» — Je t’en crois bien, respond Griseaus ;
» Tu me comptes bien mes morseaus,
» Mès je ne compte point les tiens.
» Pleuïst Dieu, que je fuisse uns chiens
» Ensi que tu es par nature ;
» S’auroïe dou pain et dou bure
» Au matin, et la grasse soupe.
» Je sçai bien de quoi il te soupe.
» S’il n’avoit qu’un seul bon morsel,
» Ta part en as-te en ton musel ;
» Et si te poes par tout esbatre.
» Nul ne t’ose férir ne batre.
» Mès quant je ne vois un bon trot,
» Jà n’en parlera à moi mot,
» Ains dou debout de ses talons
» Me frera de ses esporons,
» Si qu’à la fois me fait hanir.
» Se tu avoïes à souffrir
» Ce que j’ai par Saint Honestasse
» Tu diroïes acertes, lasse ! »
— Dist le chien : « Tu te dois bien plaindre !
» Ains qu’on puist la chandelle estaindre,