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POÉSIES

LE DÉBAT

DOU CHEVAL ET DOU LEVRIER.


Froissars d’Escoce revenoit
Sus un cheval qui gris estoit ;
Un blanc levrier menoit en lasse.
« Las ! dist le lévrier, je me lasse.
» Grisel, quant nous reposerons ?
» Il est heure que bous mengons.
« Tu te lasse, dist li chevaus ;
» Se tu avoïes mons et vauls
» Porté un homme et une male,
» Bien diroïes : Li heure est male
» Que je nasqui onques de mère. »
» — Dist li levriers : C’est chose clère ;
» Mes tu es grans, gros et quarrés,
» Et as tes quatre piés ferrés ;
» Et je m’en vois trestous deschaus ;
» Assés plus grans m’est li travauls
» Qu’à toi, qui es et grans et fors,
» Car je n’ai qu’un bien petit corps.
» En ne m’appelle-on un lévrier
» Fais pour le gens esbanoyer ;
» Et tu es ordonnés et fès
» Pour porter un homme et son fès.