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POÉSIES


» Délivrer quatre vins florins
380» D’Aragon, tous pesans et fins ;
» Des quels quatre-vins les soissante,
» Dont j’avoïe fait frans quarante,
» Et mon livre qu’il m’ot laissié,
» Ne sçai se ce fut de coer lie,
385» Mis en Avignon sans damage.
» Or veci tantos trop grant rage :
» Je vinc là par un venredi,
» Et voloïe voir, je te di,
» Mettre tous ces florins au change ;
390» Mès pourpos qui se mue et change
» Se mua en moi sans sejour.
» J’avoie acheté en ce jour
» Une boursette trois deniers ;
» Et là, comme mes prisonniers
395» Les quarante frans encloy.
» Le dimence après, eschéy
» Que je me levai moult matin ;
» Je oy l’offisce divin.
» Or avoi-je mis mon avoir
400» Et la boursette, très le soir,
» En une aultre bourse plus grans.
» Quant je cuidai trouver mes frans,
» Certes, je ne trouvai riens née ;
» Et sçai bien qu’à la matinée
405» Je les avoïe. Fin de somme.
» Onques n’oy de tel fantomme
» Parler, par l’ame de mon père !
» Ma folie je le compère