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DE JEAN FROISSART.


» Car toutes les nuis je lisoie
» Devant lui, et le solaçoie
» D’un livre de Melyador,
» Le chevalier au soleil d’or,
295» Le quel il ooit volentiers ;
» Et me dist : C’est un beaus mestiers,
» Beaus maistres, de faire tels choses.
» Dedens ce romanc sont encloses
» Toutes les chançons que jadis,
300» Dont l’ame soit en paradys !
» Que fist le bon duc de Braibant,
» Wincelaus dont on parla tant ;
» Car uns princes fu amourous
» Gracious et chevalerous ;
305» Et le livre me fist jà faire
» Par très grant amoureus afaire
» Comment qu’il ne le véist onques.
» Après sa mort je fui adonques
» Ou pays du conte de Fois
310» Que je trouvai larghe et courtois,
» Et fui en revel et en paix
» Près de trois mois dedens Ortais ;
» Et vi son estat garant et fier
» Tant de voler com de chacier.
» J’ai moult esté et hault et bas
» Ou monde, et véu des estas ;
315» Mès, excepté le roi de France,
» Et l’autre que je vi d’enfance,
» Édouwart, le roy d’Engleterre,
» Je n’ai véu en nulle terre