Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
DE JEAN FROISSART.


» Or et argent parmi raison
» Pour bien employer vo saison.
» Tout dis avés esté montés,
» Et d’abis enhupelandés,
235» Bien gouvernés et bien péus.
» J’ai tous vos afaires véus.
» Otant de choses avés faittes,
» Sans vous bouter en grosses debtes,
» Que uns aultres bons coustumiers
240» Autre tant, pour quatre milliers,
» N’en feroit, foi que doi saint Gille !
» Que fait en avés pour deux mille.
» Si ne devés pas le temps plaindre,
» Ne vous soussyer, ne complaindre.
245» Vous avés vescu jusqu’à ci ;
» Onques ne vous vi descoufi
» Mès plain de confort et d’emprise,
» Et c’est un point que moult je prise.
» Je vous ai véu si joious
250» Si joli et si amourous
» Que vous viviés de souhédier. »
— « Ha ! di-je, tu me voels aidier ;
» Mès c’est trop fort que jà oublie
» La belle et bonne compagnie
255» De florins que l’autr’ier avoie ;
» Et si s’en sont ralé leur voie,
» Je ne sçai pas en quel pays.
» Certes, je m’en tiens pour trahis
» Quant aultrement n’en ai penset. »
260Lors dist mon florin qu’il ne scet