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DE JEAN FROISSART.


» De moi ; mès m’avés, sans mentir,
» Tout un yver laissié dormir
» En un bourselot bien cousu.
» Quel chose vous est avenu ?
175» Dittes le moi tout bellement ;
» Je sui en vo commandement,
» Soit dou vendre ou del engagier. »
Quant ensi l’oy langagier
En corage me radouci,
180Et li dis : « Je suis ores ci
» En Avignon, en dure masse. »
» — Pour quoi, monseignour, sauf vo grasce,
» Dist le florin, vous estes bien
» Pour avoir pourfit et grant bien.
185» Ne tendés vous à benefisces ?
» — Compains, di-je, se tu desisses
» Aultre chose, par saint Hylaire
» Je te donroïe bon solaire,
» Ne jamais ne t’aleveroie,
190» Mès grant honnour te porteroie. »
» — Et que volés-vous que je die ?
» Descouvrés moi vo maladie,
» Si en serai un peu plus aise ;
» Car pas n’est drois que je me taise.
195» Puisque compte volez avoir
» Dou beau meuble et dou bel avoir
» Que vous avés jadis éu,
» Je sçai bien qu’ils sont devenu.
» Tout premiers vous avés fait livres
200» Qui ont cousté bien sept cens livres.