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POÉSIES


» Fondre en la maison d’un orfèvre,
» Ou cuire ou fu d’un aultre fèvre. »
Adonc dist-il : « Pour Dieu merci !
» Sire, j’ai demore droit ci,
145» En ce bourselot, moult lonc temps ;
» J’ai là dormi moult bien contens ;
» De vous je vous voeil dire voir :
» Alevé avés moult d’avoir.
» Depuis que m’euïstes premiers,
150» Tous jours ai esté darrainniers,
» Ne onques vous ne m’alevastes ;
» Engagié m’avés bien en hastes
» Et puis tantos me rachetiés.
» Je sçai François, Englois et Thiès,
155» Car partout m’avés vous porté.
» Je vous ai souvent conforté.
» Quant il vous souvenoit de mi
» Vous m’avés trouvés bon ami ;
» Se j’euïsse esté uns plus grans,
160» Uns bons nobles, ou uns bons francs,
» Uns doubles, ou uns bons escus
» On en n’euïst eu nul refus ;
» J’euïsse ores par mille mains
» Passé. Et n’en penses jà mains ;
165» Mais pour ce que je suis si fés
» Que retailliés et contrefés,
» On m’a refusé trop de fois.
» Vous venez dou pays de Fois,
» De Berne, en la Haute Gascongne,
170» Et n’avés point éu besongne