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POÉSIES


Je n’achate soiles ne lins,
Aultres grains, ne fours, ne moulins,
Fuerres, gluis, estrains ne esteules,
Hasples, ne fuseaus, ne keneules,
85 Ne faucilles pour soyer blés.
Il s’est tantost de moi emblés ;
Il me defuit et je le chace ;
Lorsque je l’ai pris, il pourchace
Comment il soit hors de mes mains.
90 Il va par maintes et par mains ;
Ce seroit uns bons messagiers,
Voires mès qu’il fust usagiers
De retourner quand il se part !
Mès nennil, que Diex y ait part,
95 Jà ne retournera depuis,
Non plus qu’il chéist en un puis,
Lorsqu’il se partira de moi.
Se je ploure après, ou larmoi,
Il m’est avis il n’en fait cure.
100Puis vingt et cinq ans, sans la cure
De Lestines, qui est grant ville,
En ai-je bien éu deus mille
Des frans ; que sont ils devenu ?
Si coulant sont et si menu,
105 Quand ma bourse en est pourvéue,
Tost en ai perdu la véue ;
De quoi, pour ravoir ent le compte
De deux milliers que je vous compte,
Le fons et toute la racine
110 J’en mis l’autr’ier un à jehine,