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SUR L’HISTOIRE DE FROISSART.

mots : or dit le conte ; et quand il parle de la mort de quelqu’un, ou de tout autre événement fâcheux, il ajoute, mais amender ne le peut, phrases qui se lisent, presque à chaque page, dans les romans des chevaliers de la table ronde.

Au reste, ce que je dis du goût romanesque que Froissart semble avoir conservé dans son histoire, ne regarde au plus que la forme qu’il lui a donnée ; car je n’ai pas remarqué d’ailleurs qu’il cherche à y répandre du merveilleux. Les fautes qui s’y rencontrent contre l’exactitude historique, ne viennent que de la confusion naturelle de son génie, de la précipitation qu’il apportait dans son travail, et de l’ignorance où il était nécessairement, par rapport à bien des choses qui ont dû échapper à sa connaissance.

Ce qu’il raconte des pays éloignés, comme de l’Afrique, de la Hongrie, de la Tartarie et généralement des états Orientaux, est rempli de méprises grossières. De son temps, le commerce n’avait presque établi aucune liaison régulière entre ces contrées et la nôtre : ce qu’on en savait, était appuyé sur la foi de gens que le hasard y avoit portés, et qui y avaient fait trop peu de séjour, pour s’instruire des mœurs, des usages, de l’histoire de ces peuples. Mais si Froissart a commis beaucoup de fautes dans ce qu’il nous en a rapporté, la plus grande, sans doute, est