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JUGEMENT

moins je pense qu’il sera encore plus sûr de le lire avec quelque circonspection, et que l’on ne doit, autant qu’il se pourra, jamais perdre de vue, je le répète, deux objets que je me suis principalement attaché à faire remarquer dans mes deux précédents mémoires : je veux dire, d’une part, les détails de sa vie, ses divers attachements à certains princes et à quelques seigneurs, les relations qu’il eut, ou les liaisons d’amitié qu’il contracta avec différentes personnes : de l’autre, les circonstances dans lesquelles il écrivit son histoire, quels volumes furent entrepris à la sollicitation du comte de Namur partisan des Anglais, et quels sont ceux qu’il composa par l’ordre du comte de Blois ami de la France. Car si l’on veut se persuader qu’il devait être disposé à favoriser les Anglais dans ce qu’il a rapporté jusqu’en 1369, par la même raison il a dû pencher pour les Français dans toutes les années qui ont suivi, jusqu’à la conclusion de sa chronique. Je ne dois pas négliger d’avertir que sa prévention se fait quelquefois sentir dans des détails plus particuliers ; comme on peut s’en convaincre par les éloges qu’il fait de la piété et des autres vertus du comte de Foix, bien opposés aux actions de cruauté qu’il avait rapportées auparavant.

Mais quand un historien, dégagé de toute passion, tiendrait toujours la balance égale entre les