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SUR L’HISTOIRE DE FROISSART.

cette brave nation se soutint toujours, selon Froissart, par la vigueur et par la force de sa chevalerie, qui ne fut jamais tellement accablée de ses infortunes, qu’elle ne trouvât encore des ressources merveilleuses dans son courage. Aussi l’historien semble-t-il avoir tiré vanité d’être né Français, en nous apprenant qu’il fut redevable à ce titre, de la bonne réception que lui fit un écuyer Français chez qui il alla loger à Ortais. Il est vrai que le roi d’Angleterre et le prince de Galles son fils, semblent être, tant qu’ils vécurent, les héros de son histoire ; et que dans les récits de plusieurs batailles, il est plus occupé d’eux que du roi de France. Mais quel est le Français de bonne foi, qui ne soit forcé de donner à ces princes les plus grands éloges ? D’ailleurs, notre historien ne rend-il pas justice à la valeur et à l’intrépidité du roi Philippe de Valois et du roi Jean ? Rien peut-il égaler les louanges qu’il donne, tant à la sagesse qu’à l’habileté du roi Charles V, et surtout ce glorieux témoignage, qu’il ne fait pas difficulté de mettre dans la bouche du roi d’Angleterre : Il n’y eut oncques roy qui moins s’armast, et si ny eut oncques roy qui tant me donnast à faire.

Je crois avoir suffisamment établi, par tout ce qu’on vient d’entendre, que Froissart n’est pas un historien partial, ainsi qu’il en a été accusé. Néan-