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Méliador

« Qui s’estoient trop fort vanté
« Que ja, ne d’ivier ne d’esté,
« N’enteroient dedens Irlande
24485 « Cil de Bretagne. Or vous demande
« Comment il en est avenu. »
— « Sire, » dist il, « on a vaincu
« Ja fuison de vos chevaliers.
« J’ai esté dessus les sentiers
24490 « Toutdis en faisant mon devoir,
« Et la s’en vint sur moy pour voir
« Uns chevaliers a bleues armes,
« Qui fera plorer pluiseurs larmes
« En ce pays, saciés de vrai,
24495 « Car cilz a conquis par assai
« Tous premiers le pas de la Garde,
« Et occis, quant bien je regarde,
« Monsigneur Panfri le vaillant, f. 180 d
« Et les aultres pas ensieuant
24500 « Dou Brun Rocier et des Perrons.
« Je vous di, sire, qu’il n’est homs
« Qui se puist contre li tenir,
« Tant se scet il biel maintenir
« En armes et tres vaillamment.
24505 « Je me sui a lui vraiement
« Combatus et fait mon pooir
« De li desconfire, pour voir ;
« Mais onques n’en peus traire a chief.
« Encores vous di de rechief
24510 « Que quant de li je me parti,
« Sire, ce fu sus tel parti,
« Que je li eus bien en couvent,
« Que je vous dirai en présent
« Aucunes coses qu’il demande.
24515 « Sire, cilz chevaliers vous mande
« Qu’il n’a ne voloir ne desir
« De vous vo royaume tollir ;