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Méliador

Le prent erranment par le doy.
A une part sont trait tout doy ;
Si dist : « Je vous voel marier,
30225 « Ma serour, et a tel donner. »
Adont le chevalier li nomme,
Et de proece le renomme,
De sens, d’onneur et d’ordenance.
Phenonée, qui en plaisance
30230 Prent les paroles c’on li dist,
Mais .i. peu de dangier y mist, f. 222 a
Respont courtoisement en l’eure,
Et dist : « Biau frere, je saveure
« Que vous en parlés grandement
30235 « A mon honneur certainnement,
« Et, se la avenir voloie,
« A vous je m’en conseilleroie ;
« Mais je voai ja, .i. jour fu,
« En suivant proprement l’argu
30240 « D’Ermondine vostre mouiller,
« Que ja n’aroie chevalier,
« Com preus qu’il fust ne com haus homs,
« Se proprement n’estoit secons,
« De proece et de renommée,
30245 « En la queste qui est passée,
« Et se cilz de qui me parlés
« Est de fait en proece telz
« Que generaument on li tiegne,
« Je voeil bien c’a moi il aviegne. »
30250 — « Ma serour, » dist Melyador,
« Dit vous ay, et vous di encor
« Que mieulz vault que d’estre secons.
« Vous plaist il bien que telz respons
« Je face a chiaus qui chi m’envoient ?
30255 « C’est drois que respondu en soient. »
— « Oïl, » ce respont Phenonée,
« Biaus freres, je sui ordenée