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Méliador



« 
Tres chiere dame souverainne,
« Amours pour vous me font tel painne
« Que je ne m’en sçai consillier,
« Et pour vous mieulx certefiier
28175 « Que ce soit voirs, tous jours je pense
« Comment en vraie obediense
« Vous puisse servir et amer.
« Mais de ce ne vous fault doubter,
« Car mon coer qui ot volentiers
28180 « Parler de vous est si rentiers
« A loyauté que jusc’au rendre
« L’ame, quel fin que li corps prende.
« En cel estat sui et demeure,
« Ne je n’ay bon jour ne bonne heure,
28185 « Ma dame, s’il ne vient de vous,
« Et mes esperis qui est tous
« Ravis ne tent a aultre cose
« Que vostre benignité glose
« L’oppression de mon las cuer, [1]
28190 « Li quelz ne saroit a nul fuer [2]
« Enviers vous nullement mesprendre.
« Tres chiere dame, pour apprendre
« Et cognoistre les armeüres,
« Et querir toutes aventures
28195 « Me sui mis seulz dessus les champs.
« Se me sera tres bons li tamps,
« Mais que de moy il vous souviegne
« Et qu’en travillant tant deviegne
« Que vous en aiiés bon recort. f. 208 a
28200 « La blewe dame que je port
« Ou nom de vous, ma souverainne,
« Me fera endurer la painne

  1. 28189 Les mots de mon ont été reliés ensemble par un jambage qui n’a été ni exponctué ni gratté. B.
  2. 28190 saroit, B seroit.