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Méliador

« Fust, moy et vous. Or vous demande,
26240 « Voires, se demander je l’ose,
« Ma damoiselle, pour quel cose,
« Ne a quoi l’ay je desservi,
« Que vous vous defuiés de mi ?
« En tout ce ne tieng point d’amour. »
26245 Et Sebilete, qui coulour
Mua a ces mos grandement,
Respondi assés sagement
Et dist : « Saigremor, je croi bien,
« Que sans nul art et mal engien,
26250 « Moy et vous nous esbations
« En ces jours, quant nous parlions,
« De pluiseurs huiseuses jonetes.
« De puis m’avés dit c’amouretes,
« Les queles mies ne cognois,
26255 « Pour l’amour de moy toutes fois
« Vous ont pris. Se j’en sui honteuse
« Et en response cremeteuse,
« Vous ne m’en devés mains voloir,
« Car je ne sçai ne voel savoir
26260 « Que c’est encores de telz coses.
« Saigremor, s’elles sont encloses
« En vous, en moy ne le sont pas,
« Car se je ris ou je m’esbas
« Avoecques vous, ou avoech celles f. 193 d
26265 « Qui sont jonetes et pucelles
« De mon eäge et gratïeuses,
« Pour ce ne sont point amoureuses
« Mes pensées ne mi afaire,
« Ne je n’ai de cela que faire.
26270 « Quant au roy et a la roÿne
« Plaira, qui m’ont en leur doctrine,
« Il me pourveront a leur gré.
« Ensi vous ay de mon secré,
« Saigremor, assés descouvert. »