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Méliador

« J’ai vendu tous mes anelès,
« Mes fremaus et mes jeuelès,
« Et me fu dit que je reviegne ;
« C’est bien raisons qu’il m’en souviegne. »
12465 Lansonnès regarde son mestre :
Si le voit trop fort pensieu estre,
Siques, pour lui servir a gré
Et pour savoir de son secré
Comment li va et comment gist,
12470 A l’ostesse de laiens dist,
A dame Fromonde la Grise,
Qui riens sus leur estat ne vise :
« Venés, dame, prendés argent.
« Que devons nous ? » — « Non pas gramment, »
12475 Dist Fromonde, « mon ami chier.
« Vous venistes or primes hier.
« Paiiés tout ce que vous volés. »
Lansonnès est avant alés,
Qui tire argent, et si le paie
12480 Si largement qu’elle dist : « J’aie
« Souvent de telz hostes ceens !
« Se j’en avoie ja .ii. cens
« L’anée, je seroie riche. »
Et Lansonnès, qui fait le nice,
12485 Prent congiet ; ossi fait son mestre. f. 92 b
Si tiennent le chemin sus destre
Pour revenir vers Abredane.
Li preus, qui mies ne se tane
De parler a sen escuier,
12490 Par quoi mains li puist anuier,
Fait devant aler le garçon,
Qui portoit .i. biau grant plançon
C’a leur hostel avoient pris.
Lors renouvelle ses escris
12495 Melyador, en cheminant ;
A son varlet en compte tant