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Méliador

12005 Et les fremillès a par yaus.
Or s’avise li damoisiaus
Sus l’aniel qui li fu donnés ;
Adont le regarda assés
Et li sembla encor plus riches, f. 88 d
12010 Mieulz ouvrés, plus gais et plus frices
Que nul qu’il en euist encor,
Tant fust ouvrés d’asur ne d’or.
L’aniel a mis hors de son doy
Et dist a Lansonnet : « Je croy
12015 « Que je vodrai donner celi
« Pour le milleur et plus joli,
« Le mieulz fait et le mieulz ouvré,
« Que nous aions encor trouvé.
« Premiers le donrai a l’estrine
12020 « A ma souveraine Hermondine. »
Dist Lansonnès : « Vous ferés bien.
« Ce que vous avés c’est tout sien. »
Respont Melyador : « C’est voirs. »
Deux abis desgisés et noirs
12025 Pourveï Lansonnès errant.
Quant il les eut, je vous creant
Qu’il est retournés a l’ostel.
A son signeur dist : « Il n’a el.
« Il vous fault assaiier cesti. »
12030 Adont Melyador vesti
L’abit qui estoit pour son corps.
Lansonnès li a .i. peu tors
Sus l’espaule par desghisance
Et, quant il en voit l’ordenance,
12035 Si dist : « Bien samblés marcheans.
« Vous escourcerés hault vos pans,
« Et vous chainderés par maniere
« Pour mieulz bociier par derriere.
« Mais vous avés trop blances mains,
12040 « Point ne sont teles de villains ;