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Méliador

« Qui le pris avoit dou tournoy,
« Tele fortune avoit en moy
21435 « Et esperance si jolie,
« Puis qu’il faut que je le vous die,
« Qu’il me couvenoit a lui tendre,
« Car espoir me faisoit entendre
« C’un temps venroit qu’elle saroit
21440 « Celi qui conquesté avoit
« Le pris dou tournoy, pour ce jour.
« Ensi, damoiselle, ou sejour
« Que je fis a aler vers li,
« Pris fui, mais mies ne failli,
21445 « Car je ne sçai voir en ce monde, f. 158 b
« Si grans qu’il est a la reonde,
« Dame pour qui avoir vodroie
« Pais, souffisance, honneur et joie,
« Fors que de li tant seulement ;
21450 « Mais je sçai bien que folement
« Ay mis mon coer a ce que voi,
« Car nul compte ne fait de moy. »
— « Vous ne savés, » dist Luciienne,
« Vous estes vos, et elle est sienne.
21455 « Et se nous nous esmervillons
« De ce que vous estes uns homs
« Aventureus, a vo samblance,
« Qui portés une dame blance,
« La devise que cilz portoit
21460 « Qui si bons chevaliers estoit
« Au tournoy par devant Tarbonne,
« Et li quelz ce jour en sa gonne
« Eut le pris pour le mieulz faisant,
« Et nous vous oons ce disant
21465 « Et nommer le dit chevalier,
« Ne vous devés esmervillier.
« Au tournoy, se Diex me doinst joie,
« Ne au dit souper pas n’estoie ;