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Méliador

« Dont je sui espris telement
« Que je ne m’en puis nullement, f. 156 b
« Ne ne sçai certes, consillier.
« On ne se doit esmervillier
21175 « Se je me sui mis en tel ploy
« Pour lui veoir ; car, par ma foy,
« Penser nuit et jour me travellent
« Pour s’amour, qui si me resvellent
« Que je ne puis a el entendre,
21180 « Et telz painnes mon coer engendre
« C’onques teles ne souffri nulz. » [1]
— « Encor en soufferés vous plus, »
Ce li respondi Luciienne.
— « Ça pour quoi ? » — « Saciés que la mienne
21185 Cousine se doie entremettre
« De tost donner son coer et mettre
« En lieu que elle ne cognoist.
« Il fault que la besongne voist
« Par ordenance et par avis.
21190 « Chi estes venus, ce m’est vis,
« Comme uns pointres et uns ouvriers,
« Et puis vous nommés chevaliers.
« Ne savons se c’est voir ou non.
« Or prendons que aiiés le nom
21195 « Et l’estat de chevalerie ;
« S’en vous n’est la bachelerie,
« De ce nom ne donroie pas
« Le jeu c’on nomme des escas.
« Et ce trop fort nous esmerveille
21200 « Comment, qui la cote vermeille [2]
« Portés, si com li chevaliers
« Portoit qui fu preus et legiers
« Au tournoy par devant Tarbonne,

  1. 21181 ne souffri, B ne le souffri.
  2. 21200 qui la, B que la.