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Méliador

« Car pour ce me fist chevalier
19790 « Ma dame, et sus ytel parti.
« L’autre jour de li me parti. »



Adont Lyoniaus li recorde,
Ossi droit c’on ligne une corde,
L’entention de son pourpos
19795 Et ne le compte pas en gros,
Mais tout par poins moult sagement,
Comment sa dame vraiement,
La fille au duch de Cornuaille,
S’enamoura premiers, sans faille,
19800 Dou chevalier as rouges armes,
Qui si bien par devant les dames
Tournïa et se combati,
Et tant c’on ordonna a li
Le faucon, le pris dou tournoy.
19805 « Mais, compains, pour cel esbanoy
« Qui fu fais par devant Tarbonne,
« La dame dont je vous ordonne
« En est depuis en dur parti ;
« Car quant de li je me parti
19810 « La premiere fois, ce sachiés,
« Ses coers, comme pris et laciés
« En bonne amour, c’est cose clere,
« Li fist entendant que son frere
« Avoit veü et que c’estoit f. 146 b
19815 « Cilz, au quel li pris s’arrestoit
« Et li vois dou tournoy le jour.
« Dont de puis a peu de sejour
« Travillai amont et aval,
« Par che pays, sus mon cheval,
19820 « Pour enquerir la verité
« Dou rouge chevalier armé ;
« Se c’estoit ses freres ou non.