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Méliador

« Qui vient et qui descent d’Amours.
10155 « Li chastiaus ma dame, et sa cours,
« Fust joieuse et nous tous joieus,
« Se ce ne fust cilz anoieus
« Fais, qui nous touce sus le cuer,
« Et dont ne poons a nul fuer
10160 « Avoir fin ne apaisement,
« Se ce n’est par le hardement
« D’un chevalier tel que vous estes.
« Mais il y a voir .iiii. tiestes
« Et se sont tout bon chevalier
10165 Qui font forment a ressongnier.
« Ne sçai comment on les poroit
« Mettre a fin, car qui les oroit
« Parler, il samble a leur la[n]gage
« Qu’il aient partout avantage,
10170 « Car tant sont de fier couvenance
« Qu’il ne criement homme vivant ;
« Contre yaus ne s’ose mettre nulz. »
La damoiselle ne dist plus,
Mais Melyador, qui parolle,
10175 Reprent erranment le parolle,
Et dist : « Belle, plus n’i pensés. f. 75 b
« Diex a encores plus assés
« De tous biens qu’il ne vous couviegne.
« Des bons chevaliers vous souviegne
10180 « Qui issent de la court dou roy.
« Il y en a de telz, je croi,
« Qui s’oseroient bien aherdre
« A yaus, et deuissent tout perdre.
« Je ne sçai qu’il m’en avenra,
10185 « Mais, voir, mon corps s’esprouvera
« A yaus, au fer et a la lance.
« Or issons de ceste ordenance,
« Damoiselle, je vous en pri,
« Et voelliés encores droit ci