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Méliador

« Par viaire ne par samblance,
18680 « Ne par membres grans ou moiiens,
« Je ne vous en saroie en riens
« Certifiier ; de ce me crés. »
Phenonée entent ces secrés
Que ses chevaliers li recorde,
18685 Adonques ses coers se descorde
A s’entention premerainne,
Et dist : « Je ne sui pas certainne
« De mon frere, je le voi bien.
« Se je folie par l’engien
18690 « D’Amours, certes, je n’en puis mains ;
« Mais mon coer est bien si certains,
« De tout ce me fay je assés forte,
« Que, pour cose c’on me raporte,
« Je ne poroie autrui amer,
18695 « Ne ne me vodroie entamer,
« Fors que de l’amour de mon frere. f. 138 a
« Or ay je donc cause et matere
« De laissier ceste cose en pais,
« Et je li lairai voir huimais,
18700 « Et demain et mes de semainne.
« Je n’ai pensée qui me mainne
« Plus avant en ceste ordenance,
« Puis que je fail a m’esperance.


« 
Lyonel, » ce dist Phenonée,
18705« Pour moy avés vous ceste année
« Eü grant painne et grant travel,
« Et vous estes de mon conseil
« Et uns chevaliers pour mon corps.
« Si vous pri : point ne metés hors
18710 « Ceste aventure aucunement. »
Et Lyones, tout erranment,
Respondi et li dist : « Je, dame,