Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
Méliador

« Que mains nous anuie la voie,
10095 « Et je vous di : se j’en savoie
« Nulle, sans moi faire priier,
« Le diroie sans detriier. »
Adont la pucelle s’avise,
Qui prestement a la devise
10100 De Melyador voet entendre,
D’une vois joliete et tendre
Au chanter illuech s’avança,
Et dist quant elle commença :


Virelay.

Toute ma vie sans partir
10105 Vous amerai,
Ne pour aultre ne vous lairai,
Je vous le jure sans mentir.

Car mieus ne puis, a mon plaisir, f. 74 d
Mon coer avoir mis, sans faillir
10110 Que ou je l’ay.

Dont je vous voel sans repentir
Toutdis amer, c’est mon desir
De voloir vrai.

Ne ja ne m’en quier departir.
10115 Tant com vivrai,
Tous jours loyauté vous tenrai,
Viegne ce qu’il en poet venir,
Toute ma vie,

Et me vodrai toute esjoïr,
10120 Mon doulz amis, ou souvenir
Que je vous ay,