Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
Méliador

13255 « Avoir, ne ossi on ne scet
« S’il se tient es bois ou en pret,
« Il sera portés temprement,
« Dit est par bon attemprement,
« En la court dou tres noble roy,
13260 « Et la contera on l’arroi
« Dou chevalier au quel li pris
« Est de droit donnés et escris. »



Quant on ot ensi demené
Le pris, et venu et alé,
13265 En la salle et ens ou chastiel,
On remist a perce l’oisiel, f. 98 a
Et puis pipent li menestrel.
Si s’esjoïssent en l’ostel
Cil et celles qui ont deduit,
13270 Et la ont le plus de la nuit
Dansé signeur et dames toutes,
Par compagnies et par routes,
Ensi qu’il leur venoit a point.
Et saciés qu’il n’ont cessé point
13275 Toute la nuit de solas faire.
Agamanor prent en l’afaire
De Phenonée grant plaisance :
Il regarde sa contenance,
Son joli corps et sa façon.
13280 Si dist ensi, sans quisençon :
« Par Dieu, dame, vous valés bien
« C’on vous aime sur toute rien ;
« Car plus belle de vous ne sçai.
« Avis m’est que pour vous assai
13285« D’amours .i. dart et tel assaut.
« Ne sçai si je pense trop haut,
« Mais pour vostre amour vodrai estre
« Bons chevaliers, pour mon corps mettre