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Méliador

C’on ne poroit riens milz pourtraire. f. 3 b
270 A ce jeu s’ala il fourtraire,
Car il n’i pensoit c’un petit ;
Ailleurs avoit son esperit
Tourné, ce doit on bien penser,
A la pucelle regarder.
275 Matés fu il, se leva sus,
Car adont ne volt jeuer plus,
Pour le soleil qu’il voit baissier.
Adont demanda son coursier
Pour monter, car partir se voelt.
280 Ce dist Florée : « Et qui vous muet
« De partir ores, a ceste heure ?
« Mehui ferés ci vo demeure
« Et de matin vous partirés,
« Et espoir nouvelles orés
285 « De vos gens et de vos levriers. »
— « Dame », respont li chevaliers,
« Vous m’offrés plus que je ne vaille.
« Mais partir me couvient sans faille,
« Car journée ay, demain matin,
290 « A l’encontre d’un mien voisin ;
« Se m’i fault, comment qu’il soit, estre.
« Je sçai, a senestre et a dextre,
« Tous les chemins parmi le bois :
« Ains le jour serai a Camois.
295 « Grant mercis de vo courtoisie
« Et de la bonne compagnie
« Que vous m’avés fait et fait faire. »
Et quant Florée voit l’afaire
De Camel, qu’il se voet partir,
300 Dont fait la son coursier venir.
Camelz y monte apertement.
Si part ; mais, au departement,
Congiet prent sagement et biel f. 3 c
As damoiselles dou chastiel,