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Méliador

Si dist : « Li bien venus soiiés,
200 « Camelz. C’est droit que vous voiiés
« Nostre chastiel et no maison. f. 2 d
« Souper vous y faut ; c’est raison.
« Je vous en pri, qui en sui dame. »
Cilz dist : « Damoiselle, par m’ame,
205 « Vous m’offrés tres grant courtoisie.
« Pas n’est droit que le contredie. »
Florée par le main, l’enmaine,
O lui sa cousine germaine,
Qui avoit environ .xiii. ans.
210 Rien n’estoit de li plus plaisans,
Plus amoureuse, ne plus frice.
Vestie estoit d’un drap moult rice,
Fricement tailliet a son point.
Messires Camelz ne l’a point
215 Encores la recogneü,
Car onques mais ne l’ot veü ;
Mais tout bas demande a Florée :
« Or me dittes, s’il vous agrée,
« Pui je savoir le nom d’icelle ? »
220 — « Oïl », ce respont la pucelle,
« Fille est de roy et de roÿne
« Et s’est ma germaine cousine,
« De mon oncle le roy d’Escoce. »
Et quant li chevaliers ot ce,
225 Si se taist et fort le regarde.
En ce regart li vient la darde
D’amours, c’onques senti n’avoit ;
Mais je croi que la en devoit
Estre ferus pour la pucelle,
230 Car si fort l’esprent l’estincelle
D’amours, qui ens ou coer le lance,
Qu’il dist la, par tele ordenance,
Tout bas : « Voires, belle Hermondine,
« Estiés vous si priès ma voisine,